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Qu'est-ce que le GOUREN ?

Présentation

Caractéristiques

Le gouren est un sport qui se pratique uniquement debout. Le but est de marquer un Lamm, c’est à dire de faire chuter son adversaire sur le dos (avec touché des 2 omoplates). Les lutteurs accrochent leurs mains dans la roched (chemise), au dessus de la ceinture (celle-ci comprise). Avec leurs pieds ils peuvent faire des fauchages, barrages, balayages, ou des kliked (enroulés de jambe). Les attaques de jambes doivent rester en dessous de la ceinture.

Lors des projections, l’attaquant est obligé d’accompagner la chute de son adversaire, afin d’assurer sa sécurité et par la même occasion le résultat. Toute violence est proscrite, tant verbale (intimidation, insulte) que physique (coup, étranglement, clés,...). Le refus de combat est sanctionné, un lutteur doit en permanence attaquer, contre attaquer ou se laisser attaquer.

Le serment des lutteurs

Il est prêté par tous les lutteurs avant chaque rencontre, en présence des arbitres. Les lutteurs sont disposés en deux colonnes qui se font face. Ils ont le bras droit fléchi à hauteur de l’épaule pendant que le serment est prononcé, d’abord en breton puis en français. A la fin de celui ci, ils font l’accolade au lutteur situé en face d’eux.

Le Serment en breton

M’hen tou da c’houren gant lealded
Hep trubarderez na taol fall ebet
Evit ma enor ha hini ma bro
E testeni eus ma gwiriegez
Hag evit heul kiz vad ma zud koz
Kinnig a ran d’am c’henvreur ma dorn ha ma jod.

Sa traduction en français

Je jure de lutter en toute loyauté
Sans traîtrise et sans brutalité
Pour mon honneur et celui de mon pays
En témoignage de ma sincérité
Et pour suivre la coutume de mes ancêtres
Je tends à mon adversaire ma main et ma joue.

Les résultats (par ordre dégressif)

Lamm : c’est le résultat parfait en gouren, l’équivalent du ippon en judo ou du KO en boxe. Il donne la victoire immédiate du combat. C’est la chute sur le dos comportant le touché simultané des 2 épaules (omoplates) au sol, avant toute autre partie du corps ou du corps de l’adversaire.
Kostin : c’est un résultat proche du lamm, par exemple une chute sur le dos comportant le touché au sol d’une seule épaule.
Kein : c’est un résultat proche du kostin, par exemple une chute sur le bas du dos, ou sur le dos plus les fesses.
Netra : c’est une chute sans résultat

Les fautes

Toute violence en combat est sanctionnée : il est interdit de frapper son adversaire, de forcer sur une articulation, d’étrangler. Une prise mal contrôlée peut être sanctionnée si elle a mis l’adversaire en danger. Toute violence verbale envers l’adversaire ou un des arbitres est sévèrement sanctionnée.

Le refus de combat est également proscrit : il est interdit de tenir l’adversaire à distance en tendant les bras ou en le bloquant avec sa tête, en repoussant ses cuisses avec les bras, ou en restant dans une position de défense pendant une durée exagérée. Lors d’une projection, le lutteur qui projette d’abord son bras au sol pour éviter le résultat est considéré comme étant en refus de combat.

Diwall : C’est un avertissement donné pour une faute, avant de sanctionner le lutteur par un Fazi. Il n’a aucune incidence dans l’issue du combat.
Fazi : c’est le résultat d’une faute commise par le lutteur. 3 fazis entraînent un divrud
Poent : il est obtenu lorsque l’adversaire a accumulé 2 fazis. Il est équivalent à un Kostin, sauf en cas d’égalité parfaite entre les deux lutteurs où il lui est supérieur.
Fazi Bras : c’est une disqualification pour le combat, donné pour l’accumulation de 3 fazis
Divrud : c’est une disqualification pour la compétition, donnée pour une faute grave (injure, comportement irrespectueux)

Durée d’un combat

La durée d’un combat dépend de la catégorie d’âge, et du type de compétition. Les benjamins ont des combats de 3’, les minimes de 4’, les cadets de 5’. Les juniors et seniors ont des combats de 5’ lors des challenges, et de respectivement 6’ et 7’ lors des championnats départementaux et fédéraux. Les féminines benjamines et minimes luttent 3 minutes, les cadettes, juniores et seniores 4 minutes. La prolongation est dans tous les cas de la moitié du temps de combat.

 

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La pratique

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A quel âge pratiquer ?

Le Gouren peut se commencer dès 4 ans dans la plupart des skolioù : il s’agit du babigouren. Ce cycle de 2 ans permet aux jeunes enfants de prendre contact avec le gouren à travers des activités ludiques et des jeux d’opposition. A 6 ans, les baby lutteurs passent dans la catégorie des poucets, et rejoignent les cours enfants, dans lesquels la part du jeu reste encore très importante. Les skolioù font généralement des entraînements spécifiques à chaque tranche d’âge, afin de mieux répondre aux besoins de chacun.

Pas de limite d’âge pour pratiquer le gouren, tant que la condition physique le permet. Certains anciens lutteurs s’entraînent toute l’année et aiment à se retrouver en été pour un tournoi vétéran : « le tournoi des chefs ».

Les filles aussi !

Si le gouren était à l’origine principalement pratiqué par les hommes, quelques femmes s’y essayaient régulièrement. Le nombre de féminines devenant non négligeable, une commission féminine a été créé en 1986 sous l’impulsion de Anne Marie Gloaguen. Depuis cette date, le gouren féminin n’a cessé de se développer, et les féminines représentent maintenant environ 25% des licenciés. Si les entraînements sont le plus souvent mixtes, certains skolioù commencent à proposer des entraînements réservés aux féminines, et des stages féminins sont mis en place chaque année au niveau fédéral. A noter qu’en compétition les féminines luttent entre elles dès la catégorie benjamin. Avant cet âge, elles luttent avec les garçons.

La compétition

Des compétitions sont organisées tout au long de l’année, à partir de la catégorie benjamins. Les poucets peuvent néanmoins se rencontrer de façon amicale dans le cadre de l’arbre de Noël. Les poussins quant à eux ont trois "rencontres poussins" chaque saison qui se déroulent sous forme d’atelier de Gouren et de luttes traditionnelles.

L’année est divisée en 2 saisons : la saison d’hiver qui va de novembre à mai, et la saison d’été de juin à fin août.

La saison d’hiver se déroule en salle, sur un palenn (tapis), et comporte des compétitions individuelles, des compétitions par équipes, et bien sûr des championnats départementaux et un championnat de Bretagne. C’est également dans ce cadre de la saison d’hiver que se déroule le championnat d’Europe des luttes celtiques, qui regroupe jusqu’à 12 nations (généralement pendant le week-end de Pâques).

La saison d’été se déroule de façon plus traditionnelle : les lutteurs combattent sur une piste de sciure de bois, en plein air. Plusieurs appariements sont possibles mais l’appariement le plus apprécié est le « mod koz », à l’ancienne, sur un système de défi. Un lutteur doit remporter 3 victoires d’affilé pour remporter le tournoi et, sur certains tournois le traditionnel trophée des lutteurs : un bélier (maout).

Toutes les compétitions se font par catégories d’âges et de poids. La durée des combats va de 3 minutes pour les benjamins à 7 minutes avec éventuellement une prolongation de 3’30" pour les seniors.

Le Gouren loisir

Nul besoin d’être un compétiteur assidu pour pratiquer le gouren. Depuis déjà quelques années la plupart des skolioù proposent également une pratique du gouren plus orientée vers le loisir et la détente. Pas d’objectifs en compétition donc pour ces pratiquants, qui viennent aux entraînements pour parfaire leur technique et se maintenir en forme, le tout dans une ambiance conviviale et ludique. Des stages techniques et des entraînements inter-skolioù permettent à ces lutteurs loisirs de se retrouver régulièrement dans un cadre purement amical.

Les candidats à l’épreuve du Bac

Depuis 1998 une option « Gouren au Bac » est mise en place, et rassemble chaque année une vingtaine de lutteurs et lutteuses. Chaque élève de terminale de l’académie de Rennes peut choisir en septembre cette option, qui consiste en une épreuve d’une journée en mai ou en juin. L’épreuve est constituée d’un oral portant sur la connaissance de l’histoire du gouren, de ses règles, et des différents luttes existantes, puis d’une épreuve de démonstration technique et de combats.

L'histoire de la lutte bretonne

Un sport de nobles et de chevaliers

Le gouren est la lutte traditionnelle de Bretagne. Elle a été importée en Armorique par les Bretons de Grande Bretagne au 4ème siècle, lorsqu’ils ont été chassés de leur pays par les tribus nordiques. Le gouren était à ce moment là un sport très prisé, et pratiqué uniquement par les nobles. C’était un jeu pour s’entraîner à l’art guerrier, mais aussi un moyen de montrer son adresse et sa bravoure lors de tournois, ou de gagner le coeur d’une belle demoiselle. La légende veut que de célèbres chevaliers tels que Gauvain, Lancelot ou Perceval soient d’excellents lutteurs. Le roi Arthur lui même aimait affronter ses chevaliers au cours de luttes. Plus tard dans l’histoire, c’est le roi François I qui se mit à la lutte, rencontrant en personne le roi d’Angleterre Henri VIII et lui marquant un magnifique Lamm.

Une démocratisation du gouren

Après avoir été réservé aux nobles, le gouren s’est démocratisé, et devint un sport très populaire dans les campagnes. Les paysans s’entraînaient dans les champs après leur journée de labeur, à même le sol. Le dimanche était l’occasion de rencontrer les lutteurs des communes voisines, et de défendre l’honneur de son village. Les prix étaient très variés, allant d’un mouchoir brodé ou d’un chapeau à un mouton, une somme d’argent, ou même un taureau lors des tournois de Scaër. Les lutteurs conservaient jalousement leurs techniques, et les transmettaient uniquement à leurs fils. Un serment était déjà prêté avant chaque tournoi, très empreint de superstition : les lutteurs devaient jurer de n’avoir fait appel à aucun sortilège pour gagner. Les combats n’avaient pas de durée limitée, la victoire étant obtenue uniquement par Lamm. Certains combats ont paraît-il duré une nuit entière. Ils étaient arbitrés par des anciens lutteurs ou des personnalités importantes du village, et aucune catégorie d’âge ou de poids n’existaient.

Après la première guerre mondiale, de nouveaux sports tel que le football ou le cyclisme apparurent, et le gouren commença à perdre sa notoriété. Il continua toutefois à être pratiqué, et la valeur des lutteurs bretons resta célèbre. Charles de Gaulle engagea même un lutteur comme garde du corps ! De grands tournois étaient organisés à Paris, et rassemblaient les Bretons émigrés à la capitale. Mais malgré ces coups d’éclat, le gouren tomba peu à peu dans l’oubli.

En 1930, le docteur Charles Cottonnec, porté par l’élan de Coubertin, décida donc de redonner un coup de jeune à ce sport. Il commença par modifier les règles, tout en conservant l’esprit de ce sport. Ainsi il créa des catégories d’âge et de poids, imposa une durée de combat, et instaura des résultats intermédiaires, tel que le Kostin (point) ou le Kein (avantage). Il essaya également de répertorier les techniques existantes, tâche difficile car les lutteurs n’aimaient pas montrer leurs techniques. Une fédération de gouren fut créée.

Un sport moderne

Après plusieurs scissions et réunifications (BAG et BRUG, puis FALSAB et FALSTAB), la fédération de gouren devient celle que nous connaissons actuellement. Elle compte aujourd’hui un peu plus de 1600 licenciés, elle est associée à la Fédération Française de Lutte, agréée Jeunesse et Sport et Education Nationale, et reconnue par les instances municipales, départementales et régionales. Un Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport (BPJEPS) lutte et disciplines associées option Gouren a été mis en place, des rencontres UNSS sont organisées depuis 2000, et une option Gouren au Bac existe depuis 1998.

Plus d’une dizaine de compétitions en salle, sur tapis, sont organisées chaque année, durant la saison d’hiver (novembre-mai). De nombreux tournois sont organisés l’été en plein air sur sciure.

De nombreux échanges ont lieu avec des lutteurs d’autres pays. Des championnats d’Europe sont organisés chaque année.

Paul serusier la lutte bretonne
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